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Commentaires

Et encore nous n’avons pas abordé la question des parties « qui ne prennent pas ». Celles qui sont muettes (faune, flore…) ou potentielles (les générations futures, les victimes potentielles…).

Les intérêts des parties prenantes (les stakeholders désignant les porteurs d’enjeux ou d’intérêts selon la traduction) entrent soit en convergence, ils sont alors coopératifs ; soit en opposition, ils sont alors concurrents.

Je sens poindre derrière votre commentaire deux questions : 1. les actionnaires sont-ils prééminents ? 2. leurs intérêts souvent très « court-termistes » n’entrent-ils pas en contradiction sur le long terme avec les intérêts de la communauté voire de la firme elle-même ?

Aujourd’hui il est clair que les acteurs surpondèrent les actionnaires et que les exigences de ceux sont démesurées par rapport à des logiques ne serait-ce que purement économique. Une entreprise même mondiale peut-elle servir des bénéfices aussi élevés que la norme actuelle le suppose alors que ses marges sont rognées ? En effet, la plupart de ses marchés croissent faiblement et leurs marques sont challengées par des MDD, des hard-discounter et des low-cost.

Jean-Pierre

Les parties prenantes, c’est bien d’en parler, mais avant tout il y a les actionnaires… Ce discours peut être tenu par un patron comme par n’importe quel salarié qui constate tous les jours cette priorité...

l'équipe Kyos

Je prends vos questions dans l’ordre inverse. Car si ce sujet est un effet de mode, pour la majorité des entreprises, il suffit d’attendre tranquillement que la vague passe. En effet, si vous n’êtes pas côté, avec une marque de grande consommation fortement visible ou ayant une activité potentiellement dangereuse pour l’environnement ou la santé publique (je vous l’accorde, cela représente quand même beaucoup d’entreprises)… à quoi bon ?

Ces questions relatives à l’éthique des entreprises, à la Responsabilité Sociale et sociétales sont apparues dans les années 60. (voir les travaux d’Ansoff aux Etats-Unis ou de Martinet, plus tardivement, en France). Dans les années 80 ces concepts ressurgissent sur fond de préoccupations en matière d’éthiques des affaires. Le plus souvent les discours sont alors moralisateurs. On peut même y voir la résurgence d’une certaine forme de puritanisme Nord-Américain. La question de la RSE et des Parties Prenantes revient de nouveau sur le devant de la scène, intégrée dans la caravane conceptuelle du développement durable. Cette fois, vous noterez qu’elle est fortement soutenue par les ONG, les organismes internationaux (ONU, Commission Européenne, …) et qu’elle fait son entrée dans les lois nationales. Ces concepts qui ont une histoire désormais assez longue, certes entachées de vicissitudes de jeunesse font donc, semble-t-il, partie d’une lourde tendance de fond.

S’agissant de la « priorisation » des parties prenantes, il s’agit d’une question simple théoriquement et plus confuse en pratique. On peut dire qu’il existe deux types de parties prenantes : les parties prenantes directes et les parties prenantes dérivées. Vous trouverez toutes sortes d’appellation et de critères de choix (primaires ou secondaires ; contractuelles ou diffuses ; nécessaires ou contingentes ;… ) mais ce qui compte fondamentalement c’est de savoir si la relation que vous entretenez (ou non) avec une partie prenante revêt un aspect critique.
Pour cela, vous devez immanquablement identifier leurs attentes. Vous devez également vérifier si un même partie prenante est homogène ou peut se subdiviser et si leurs attentes se recouvrent même partiellement.
Dans un second temps, vient la qualification des parties prenantes que nous vous suggérons de réaliser par les attentes. Comme critères, vous pouvez reprendre celle du modèle de Mitchell, Agle et Wood : le pouvoir d’influence, la légitimité et la sensibilité au délai (l’urgence des droits dans le modèle).

Pourtant, ce qui a de la valeur, au delà de l’outil de gestion que constitue un tableau de bord des parties prenantes, c’est le débat que ce travail engage au sein de l’entreprise. C’est aussi qu’il rend irréversible le rapprochement avec certaines d’entre elles. Nous vous recommandons donc de ne pas vous engager dans un dispositif démesurément complexe par rapport à l’objectif poursuivi. Une matrice qui multiplie des critères à coefficient sera lourde à gérer et fera perdre de vue la finalité. Elle ne vous aidera pas non plus à entrer en relation ou à apporter des réponses aux attentes des parties prenantes. Ce qui comptera beaucoup, par contre, ce sont les gens que vous aurez invités autour de la table pour faire cette classification. Ceux là peuvent vous aider à apporter des réponses…

L’équipe Kyos

michel

Bonjour,
Votre article a le mérite de bien poser les débats sur cette question. Les enjeux sont clairs, les questions évidentes. Puisque vous sollicitez des réactions, je me permets de vous interroger sur quelques points :
- En tant que Directeur Général du entreprise industrielle, je vois les parties prenantes potentielles se multiplier or vous n’expliquez pas comment on peut les « qualifier ». Comment puis-je attribuer mes priorités.
- Est-ce que ce type de travail est un effet de mode ou tendance de fond ?

allen (Kyos)

merci pour votre commentaire, je vous promets une réponse détaillée dans quelques jours avec des exemples. Je ne vais maintenant développer que quelques éléments de réponse et un exemple.
Je ne suis pas le tenant d’une démarche structurée, structurante et systématique. RSE et Développement Durable ne remettent pas en cause le management déjà existant. Ils le complètent et l'orientent. Ce ne sont pas non plus des approches normatives de type qualité. Il n’y a pas une bonne façon de faire par excellence.
Chez Kyos, nous pensons que c’est en réglant les problèmes concrets de l’entreprise qu’on avance. En mettant en oeuvre des solutions, demandez vous comment vous pouvez en profiter pour mieux travailler avec vos parties prenantes.
Simplement un premier exemple… La SNCF est soumise à la loi sur l’accès des PMR (Personnes à Mobilité Réduite) aux transports qui donne un objectif (exhaustivité) et une deadline (dans 10 ans, au moment de la publication). La SNCF ne s’est pas contentée de se demander comment elle pouvait informer les associations d’usager les plus concernées. Elle a proposé à 13 associations représentatives de différentes formes de handicaps de travailler concrètement sur les réponses à apporter. Cela dénote d’une évolution de l’état d’esprit des entreprises.

Jean-Bernard

Vaste question pratique que vous soulevez là ! Nous avons identifié nos parties prenantes mais la mise en relation avec elles est loin d’être simple…

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