Nous souhaitons, dans cet article, apporter une précision importante et utile pour les dirigeants. Qui sont « mes » salariés ? Vous verrez que notre réponse à de quoi surprendre.
La majorité de nos interlocuteurs sont surpris par cette question. La réponse est évidente ! Leurs salariés sont les hommes et les femmes qui disposent d’un contrat de travail et qui, à ce titre, ont donc un lien de subordination. Si on demande qui sont vos collaborateurs ? On devrait recueillir sensiblement la même réponse. Pourtant cette affirmation pour exacte et pertinente qu’elle soit peut être prise en défaut dans bien des cas.
Posons la question différemment… Quel est le statut des sous-traitants et indépendants qui travaillent pour vous ? La plupart de nos interlocuteurs commencent par déglutir avant de se perdre dans des réponses évasives, d’autres voient où l’on veut en venir. Prenons deux exemples.
Imaginons que notre interlocuteur soit le responsable de la sécurité d’un grand groupe. Il achète une prestation auprès de sociétés de gardiennage. Plus précisément, en cherchant à rationaliser ses achats, il ne fait appel qu’à deux prestataires dont il est devenu le principal client. Au fil des années, les deux sociétés recrutent toujours plus d’agents de sécurité pour leur principal client qui, par ailleurs, leur impose des conditions tarifaires plus basses par un jeu de compétition. Jusqu’au jour où l’une des deux sociétés fait faillite. Que croyez vous qu’il se passa ? Le tribunal, à la demande des organismes sociaux, jugea que le gérant de fait était le client et qu’il avait commis une erreur de gestion en imposant ses tarifs. Le tribunal ordonna que les salariés du sous-traitant soient repris par le client… Qui sont mes salariés ?
Deuxième cas, que nous situons cette fois à la SNCF, est inspiré de faits réels que nous avons modifiés pour notre démonstration. Dans une grande gare, il existe une myriade de sous-traitants et de partenaires. Nous en retiendrons deux exemples : les entreprises de nettoyage et les concessionnaires. Les premiers travaillent exclusivement sur les emprises de la SNCF la SNCF
Nous nous situons dans une gare neuve en cours de construction. Vient le jour de la visite de l’inspecteur du travail. Les maîtres d’ouvrage SNCF lui présentent force plans et divers rapports remis par des conseils et des ergonomes afin de démontrer que les agents SNCF seront bien traités. Ils présentent les esquisses et montrent les locaux des sous-traitants. L’inspecteur écoute, attentif. Puis soudain il déclare « ce qui m’inquiète ce n’est pas le sort des agents SNCF. Je connais l’efficacité de vos CHSCT et de vos DP. Non, ce qui m’inquiète ce sont les vendeurs des boutiques, les personnels chargés de l’avitaillement et du nettoyage des trains, les conducteurs de taxi (la liste fut bien plus longue). »
Voici un échange de point de vue fictif :
SNCF – « S’agissant des commerçants nous respectons la réglementation. Nous leur livrons une coque vide qui prévoit tous les aménagements nécessaires en électricité, air conditionné et fluide. S’ils souhaitent aménager des toilettes, des réfectoires et des vestiaires c’est possible. »
Inspecteur du travail – « Je ne doute pas de vos efforts mais nous savons tous ici que les concessionnaires sont souvent des indépendants sans instance du personnel et qu’ils cherchent à maximiser les surfaces de vente au détriment des lieux de vie du personnel. Dans d’autres gares c’est souvent le même résultat, on change l’usage des pièces prévu et les salariés n’ont droit à rien. Ca me préoccupe… »
SNCF – « …. »
IT – « Bon et pour les entreprises de nettoyage. Qu’est ce qui est prévu ? »
SNCF – « Là aussi nous livrons une coque vide et comme l’appel d’offres n’est pas lancé… »
IT – « Pas très convaincant comme argument ! »
L’inspecteur du travail s’interroge. Si c’est bien aux employeurs des vendeurs de boutique de respecter la législation, il attend que la SNCF la SNCF
Dans la pratique, nous sommes intervenus au côté de la SNCF
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