Le salon du Prêt à Porter qui s’est tenu du 2 au 5 février a accueilli le 2ème Ethical Fashion Show. ONG, designer, revendeur, tous étaient venus présenter leur expérience et vendre leurs produits. La mode est souvent assimilée au luxe et à une certaine futilité, considérations fort éloignées, pour ne pas dire antinomiques, de l’équitable et de l’éthique. Ce sont pourtant des valeurs parfaitement au cœur de la philosophie de vie et de business de tous les acteurs de l’Ethical Fashion Show. Morceaux choisis…
La mode éthique en quelques chiffres En 2003, le chiffre d’affaires de l’industrie française de la mode s’élevait à 30 milliards d’euros. La mode éthique, c’est aujourd’hui très peu et beaucoup en même temps : 1% du chiffre d’affaires de l’industrie française, mais avec une progression régulière de ce pourcentage. Plus de 700 tonnes de coton équitable sont produites à l’échelle mondiale, soit 3% de la production total. Par ailleurs, la part du coton bio est en constante augmentation, notamment aux Etats-Unis où l’on estime que 5 à 10% de la production annuelle seront biologiques d’ici 2010. Ethique, équitable, responsable, durable ? Quelles différences ? La mode éthique est une activité qui se doit de respecter et de concilier harmonieusement : C’est l’un des trois volets du développement durable (avec l’économique et l’environnement) et c’est aussi l’un des grands principes du commerce équitable : assurer un revenu décent aux producteurs et aider au développement socio-économique. En outre, la mode éthique doit prendre garde à ne pas rendre excessivement dépendants les différents acteurs de la filière : producteurs de matière première, façonnier, créateur… La plupart des entreprises éthiques considèrent qu’elles ne doivent pas représenter plus de 40 à 50% des revenus de leurs partenaires locaux. Enfin les producteurs sont associés à la commercialisation de leurs produits à l’extérieur de leurs frontières. Bien des matières, pourtant naturelles, sont source de pollutions majeures. Le transport de biens est également problématique. L’enjeu est de réduire l’impact sur l’environnement à toutes les étapes de production et de logistique. Ce point est le moins connu, il est cependant essentiel. La mode éthique respecte les spécificités des communautés en terme de modes de vie, de coutumes, de savoirs-faire. Elle recherche la diversité en intégrant de nouvelles matières et de nouveaux design afin d’éviter l’uniformisation. Selon le rapport du Député Antoine Herth (40 propositions pour le commerce équitable, mai 2005) : « le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect dans le but de parvenir à une plus grande équité dans le commerce international. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions d’échanges et en garantissant les droits des travailleurs […] en particulier ceux du sud. » Ethique et équitable sont deux dimensions distinctes mais qui se complètent dans une recherche de responsabilité en accord avec les principes du développement durable. Les nouvelles matières face au coton Saviez vous que le coton représente 25% des pesticides utilisés dans le monde pour 3% des surfaces cultivées ? Que la mer d’Aral doit sa disparition à l’irrigation de l’industrie cotonnière d’ex-URSS (le coton est le troisième consommateur d’eau après le riz et le blé) ? Saviez vous que la plupart du temps la préparation, la teinture et l’ennoblissement (terme technique désignant les différents apprêts) des textiles à base de coton utilisent principalement du chlore (blanchissement), des sels, des détergents, des acides organiques, des colorants azoïques, tous très polluants ? Evidemment on peut fabriquer un T-shirt en coton avec beaucoup moins de produits chimiques, voire pas du tout. Dans ce cas, on parle de coton bio. Nous avons d’ailleurs découvert que le cours du coton bio résiste mieux que sa concurrence. Face au coton se développent d’autres matières : Un exemple de mode éthique Veja est une marque de baskets pas comme les autres. Les produits ont un design original et sont vendus, avec un succès croissant, dans différents concepts store de Paris. Dernier succès marketing surfant sur une consommation réservée aux bobos avides de style, d’originalité, de différence et d’une pointe d’éthique ? Non, Veja c’est un authentique projet éthique : La basket Veja repose sur une chaîne intelligente de solidarité et de responsabilité allant des producteurs aux consommateurs. Les baskets sont vendues aux environ de 80€. Un exemple industriel L’ONG Yamana a développé un programme baptisé « Fibre citoyenne ». Ce programme, concentré sur le marché des vêtements d’image et de travail, apporte des repères et des outils aux entreprises textiles et à leurs acheteurs. L’ambition est « d’impulser une dynamique vertueuse, pour générer une plus value sociale, sociétale et environnementale, sur l’ensemble des sites concernés par l’élaboration des produits ». Il fonctionne comme une certification. Elle est d’ordre éthique et doit aboutir à une filière textile socialement responsable. Elle repose sur deux types de critères : Une douzaine d’entreprises sont aujourd’hui impliquées dans le programme. www.yamana-mvd.org D’autres exemples Il existe des dizaines d’autres initiatives, d’autres entreprises que nous aurions pu citer. Nous reprenons ici celles qui nous paraissent les plus significatives, celles qui nous ont simplement le plus touché. Max Havelaar propose une labellisation équitable pour du coton. Pour obtenir le label, il faut que la part minimale de coton équitable dans le fil soit de 80%. A part quelques exceptions notables comme Patagonia, rares sont les marques qui proposent une production totalement équitable ou biologique. Cependant, huit marques sont aujourd’hui agréées par Max Havelaar pour la commercialisation de quelques produits (ou gammes) fabriqués à partir de coton équitable. Parmi elles : Kindy, La Redoute Coopa-Roca Fait travailler des femmes dans un bidonville de Rio depuis 1987. Elles réalisent des broderies et des créations artisanales achetées par Paul Smith et d’autres créateurs ou enseignes (comme C&A). Misericordia Lancé par deux jeunes français au Pérou, à la suite de la visite d’un bidonville à Lima. Tudo Bom Les vêtements de Tudo Bom sont confectionnés à Petropolis par une dizaine de couturières dans le respect du commerce équitable.
ZaZa Factory
Une mention particulière pour ce petit bout de femme qui nous a beaucoup touché sur le salon. Au-delà de son engagement, c’est l’énergie et la cohérence de son projet de vie qui nous ont marqué. Elle fait travailler des femmes birmanes qui réalisent des sacs et des sautoirs, vendus, entre autres, au Bon Marché. Elle a des projets au Bénin et au Brésil…
Quelques sites Internet
www.comité21.org (comité français pour l’environnement et le développement durable, sur la base de l’agenda 21).
www.antiapathy.org (site anglais avec des informations sur les initiatives liées au développement durable, principalement sur les aspects culturels et les modes de vie)
www.commerceequitable.org (organisation nationale de représentation des Organisations de Commerce Equitable)
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