Aujourd'hui, chacun sait bien que la priorité des chefs d'entreprise est fondée sur une logique court-terme orientée par les exigences, démesurées, des actionnaires. Cadres d'entreprise ou simplement petits actionnaires, nous sommes tous plus ou moins habitués à déchiffrer statistiques, indices et palmarès.
Or c’est bien là le problème, notre préoccupation est essentiellement focalisée sur le financier et le rationnel alors que le capital humain et le capital environnemental subissent de sérieuses difficultés et des dégradations répétées et durables.
Pour une fois, nous présentons des chiffres bruts, sans conclusion. Au lecteur de se faire les siennes.
Le déclin des écosystèmes terrestres
- Chaque jour nous consommons une quantité d’énergie N que la nature a mis 10 000 ans à fabriquer. Au total nous consommons 220 milliards de tonnes de ressources naturelles par an.
- Selon le bilan annuel « Planète Vivante » du WWF, les richesses naturelles de la planète ont diminué de 33% entre 1970 et 1999 (12% pour les écosystèmes forestiers, 50% pour les écosystèmes d’eau douce et 35% pour les ressources marines). Dans le même temps, l’emprunte écologique de l’activité humaine (sa production, ses déchets et sa pollution) a augmenté de 50%.
- 50% des forêts de la planète ont été rasées, 30% des forêts anciennes ont été converties à l’agriculture et 9% des espèces d’arbres sont en voie de disparition. Le rythme de destruction est impressionnant : un terrain de football à chaque minute soit 3 fois
la France
tous les 10 ans. - 20 à 100 000 espèces disparaissent chaque année.
- 25 milliards de tonnes de terres arables disparaissent tous les ans soit l’équivalent de tous les champs de blé australiens)
- La biodiversité est réduite dans nos systèmes productifs : En France, 3 races bovines représentent 98% du cheptel et une seule variété de pomme 75% de l’offre.
- 60% des stocks mondiaux des 200 espèces de poissons les plus consommés dans le monde sont à la limite de la surpêche. 30% au moins des stocks mondiaux sont déjà surexploités. La pêche c’est 12,5 millions de travailleurs dans le monde (50 millions de personnes en dépendent) et elle fournit 20% des protéines animales consommées. Pourtant pour pêcher
1 kg
de crevettes l’industrie ramasse jusqu’à15 kg
de ressources biologiques non commercialisables (poissons, tortues…).
La pollution, le réchauffement climatique et la destruction de l’écosystème mondial
- Actuellement, en France, 94 des cours d'eau et 75 % des nappes souterraines sont pollués. 90% des eaux usées rejetées en Méditerranée ne sont pas traitées.
- L’emprunte écologique d’un européen varie, selon les régions, de 4,9 à
6,3 hectares
. C’est 3 fois moins qu’un américain. En supposant que la terre entière soit demain au niveau des européens, pour subvenir aux besoins de 6 milliards d’êtres humains il faudrait 2 fois la surface de la terre. Je vous laisse faire le calcul si le niveau visé est celui de l’américain. - La température moyenne dans les régions de l’Alaska, de
la Sibérie
et du Nord du Canada a augmenté de4°C
en vingt ans. L’épaisseur des glaces des mers dans ces régions a diminué de 40% et la surface a régressé de 6% depuis 1980. - Chaque américain consomme
18 kg
de ressources par semaine ce qui génère1000 kg
de déchets (papier, CO2, emballages, effluents chimiques…). - 27% du corail mondial est déjà mort du fait du réchauffement climatique notamment.
Les problèmes de santé
- Sur les 35000 pesticides créés depuis la fin de la seconde guerre mondiale, à peine 10% ont été testés pour connaître leurs effets sur la santé. Selon l’OMS 25 millions de personnes meurent chaque année d’empoisonnement par les pesticides. 25 millions c’est énorme et par minute cela représente 48 personnes !
- En France, on estime que 7 à 20% des cancers seraient liés à la dégradation de l’environnement. 30 000 décès prématurés seraient liés à la pollution atmosphérique. Un million de travailleurs est exposé dans le cadre du travail à des produits cancérigènes.
Les grands déséquilibres nord sud
- En 2002,20 % de la population du monde accaparent plus de 80 % de ses richesses, possède 80 % des voitures en circulation et consomme 60 % l'énergie. À l'inverse une toute petite partie du revenu mondial (seulement 1 %) est le fruit du labeur de plus d'un milliard d'hommes de femmes et d'enfants.
- 1,3 milliard d'êtres humains dispose de moins de un dollar par jour pour survivre.
- 500 millions de personnes mourront avant d'avoir atteint l’âge de 40 ans.
- au Brésil, 2 % des propriétaires contrôlent 43 % des terres arables, tandis que les 4,5 millions de familles paysannes errent sur les routes.
- Les 20% des plus riches consomment 86% des ressources mondiales, à l’inverse les 20% des plus pauvres vivent sur 1% des ressources mondiales.
- En 1980, les habitants des pays pauvres étaient 22 fois moins riches que l’américain moyen. En 2004, ils étaient 86 fois moins riches. L’écart s’accroît sans cesse.
La remise en cause des choix de la mondialisation
- Selon une étude de l'ONU, en 2000, le monde dépensait 130 fois plus pour l'armement que pour l'éducation.
- Les dépenses militaires s’élèvent à 800 milliards de dollars par an contre 50 à 60 milliards pour l’aide au développement.
- En 1975, il y avaient 7 000 entreprises multinationales, en 1994, elles étaient 37 000.
- 50 % des surfaces agricoles sont utilisés pour faire des céréales afin de nourrir le bétail ; un système d'autant plus bizarre quand on sait que, dans les pays du Sud, adossa sur 1500 repas quand les céréales qui ont permis de nourrir ce boeuf en permettraient 18 000.
La machine à fabriquer du bonheur et de l’équité est grippée
- Dans les états industriels occidentaux, on comptait 25 millions de chômeurs de longue durée en 1990. ils sont 39 millions en 2000.
- Aux États-Unis, les travailleurs dits dépendants forment 80 % de la population active en 1996. Ils ont subi une diminution de pouvoir d'achat de 14 % entre 1973 et 1995.
- En France, on estime qu’il y aurait environ 200 000 SDF enfants compris. Londres, à elle seule, compte plus de 40 000 sans-abri.
- selon l'OCDE, 100 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté dans les pays industrialisés. En 2002, dans ces mêmes pays, 37 millions ne disposaient que de l'allocation chômage pour vivre.
- Entre 1950 et aujourd’hui, les échanges commerciaux internationaux ont pourtant été multipliés par 14.
La puissance des entreprises dans le jeu mondial et vis-à-vis des capitaux humains et environnementaux
- les chefs d'entreprise, selon une étude SOFRES menée en 2001, sont attentifs à la réputation de leur entreprise (91 %) et à la satisfaction de leurs actionnaires (75 %). Ils le sont beaucoup moins pour l'environnement (45 %) et pour la satisfaction de leurs salariés (41 %).
- les 200 plus puissantes sociétés internationales contrôlent ensemble plus de 25 % du produit mondial brut.
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