S’il est bien un exemple que nous nous devions de citer c’est bien celui là. Certes, ce n’est pas le moins connu, c’est même l’un de ceux qui a été le plus médiatisé. Nous le devions car ce docteur en économie, bengali d’origine, formé aux Etats-Unis, professeur à l’université du Colorado, a changé son monde (le Bangladesh), agit dans un secteur ultraconservateur (la banque) avec une ambition apparemment démesurée : venir à bout de la pauvreté.
En 1974-1975, le pays est frappé par une famine qui fait un million et demi de morts. Quelques mois plus tard, il se rend compte que les pauvres du pays n’ont pas accès au crédit car les banques les considèrent comme non solvables. Or les plus démunis sont contraints d’emprunter à un taux d’usure (20%) qui ruine toute entreprise car le maigre gain de la journée sur le marché est consommé essentiellement par les intérêts de la journée. L’exclusion du crédit n’est pas seulement révélatrice du regard des banques porté sur les plus démunis, elle est génératrice d’éviction du jeu économique et social.
M. Yunus acquiert la conviction que « la pauvreté est très rarement due à des problèmes personnels, de la fainéantise, ou un défaut d’intelligence mais systématiquement au coût prohibitif du capital ». Son constat se heurte à une idée reçue sur la solvabilité et il prend son bâton de pèlerin pour convaincre les banques. Sa démarche fait, au mieux, sourire ses interlocuteurs. Il tente donc une expérience. Il prête sur son propre argent 24€ (de l’époque) pour ouvrir 42 micro-crédits concentrés dans une communauté de femmes de Jobra. Cela suffit pour acheter une poule ou des semences qui vont ensuite permettre de vendre sur le marché des œufs, des légumes… Il est intégralement remboursé et se rend compte qu’il tient un moteur économique incroyable basé sur la confiance : ses emprunteurs veulent se montrer à la hauteur de cette main tendue. L’accès à un crédit à taux normal est synonyme d’amélioration graduelle de l’existence, notamment par autosuffisance et auto-emploi.
Après une nouvelle tentative restée vaine auprès des banques et du gouvernement, il crée seul sa propre entreprise, en 1976 : la Grameen Bank. la Grameen Bank la Grameen Bank
En 2004, la Graamen Bank la Graamen
La Chine la France
De son côté M. Yunus « file » son idée et la développe. Il a lancé Graamen Telecom qui permet de jumeler micro-crédit et télécommunication. Des emprunteurs acquièrent un téléphone et un crédit de communication et revendent les minutes autour d’eux. Graamen Telecom c’est déjà 75000 téléphones et 12,6 millions d’usagers, soit le second opérateur du pays. Il a lancé un projet, associant toujours le micro-crédit, mais cette fois avec l’acquisition de panneaux solaires…
M. Yunus est pressenti comme un potentiel prix Nobel. Il a reçu le soutien de Bill Clinton. Le 20 juin 205, lors de son discours à la conférence internationale de Paris sur la micro-finance, Jacques Chirac a tenu à rendre hommage à Muhammad Yunus pour la justesse de sa vision. L’homme a été invité pour un conférence à HEC au mois de novembre 2005.
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