Cette description est caricaturale ! Elle l’est parce qu'il faut frapper les esprits. Elle l’est également parce que nous allons vous conter une petite histoire, qui bien loin de vous endormir, risque de vous faire vous poser quelques questions.
Dov Charney est le fondateur d’American Apparel. Son entreprise produit chaque semaine un million de vêtements : des T-shirts, des sous-vêtements, des polos ou des pull-overs. Son chiffre d’affaires est de 140 millions d'euros en 2004. Où sont fabriqués tous ces vêtements ?
Pas en Afrique du Nord, pas en Asie... Non, toute cette histoire se déroule aux Etats-Unis, chantre de la mondialisation et du libéralisme. Précisément à Los Angeles.
Son usine emploie 2200 personnes et se déploie sur sept étages et 110 000 m²
Dov Charney bâtit son entreprise sur un modèle totalement à l'opposé du modèle dominant. C'est un acte engagé dans une société où choisir de payer ses premiers employés 13 dollars de l’heure alors que le salaire minimum en Californie est de seulement huit dollars peut vous faire passer pour fou à lier. En 1998, Dov Charney recrute ses 10 premiers salariés. Non content de leur offrir un salaire supérieur au salaire minimum, il leur offre une très bonne couverture sociale. Il subventionne les déjeuners et les tickets de bus à ses employés. Il propose aussi de nombreux avantages comme des cours d'anglais ou d’espagnol et même des séances de massage. S'il avait délocalisé sa production, il aurait pu payer ses salariés 30 cents de l’heure, les faire travaillert 16 heures par jour, samedi et dimanche inclus.
Voilà une décision étonnante, qui, à l'heure où nous vivons, a de quoi séduire. Cela dit, même si tout cela vous était expliqué en magasin est-ce que vous accepteriez l’un de ces vêtements si le prix ou la qualité n'étaient pas au rendez-vous ?
Aussi surprenant que cela paraisse, les T-shirts d’American Apparel sont vendus à un prix sensiblement équivalent à n’importe quel T-shirt de marque (15€ sur le site de vente en ligne soit le prix d’un T-shirt Levi’s et bien moins qu’un T-shirt Diesel qu’affectionnent les jeunes français). Pour comprendre le succès de cette marque, il suffit de comprendre :
- qu’un salarié bien traité est très productif
- qu’une production locale permet de répondre rapidement aux évolutions de la demande à l’inverse de la fabrication délocalisée.
Autre avantage de nature écologique : les transports depuis la zone de production sont réduits.
Mais Dov Charney ne compte pas s’arrêter là. Depuis 2004, il a lancé une ligne de vêtements dont le coton est certifié biologique et l’objectif est que 80% de la production soit certifiée en 2007.
Alors idée reçue contre idée neuve ?
American Apparel s’implante en France et notamment à Paris. Dans les magasins, des panneaux discrets affirment les engagements de l’entreprise.
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