Isabelle fait partie de cette petite génération d’entrepreneurs engagés dans une recherche au service du bien commun. Pourquoi l’avoir choisie pour un portrait ? Est-elle exemplaire ? Exemplaire de ce groupe d’hommes et de femmes cherchant à concilier rentabilité, créativité des produits et « chaleur » ajoutée, au contact avec des communautés locales, certainement. Mais bien davantage son cas est emblématique des paradoxes que recouvrent ces nouveaux concepts que sont la mode éthique, équitable ou la responsabilité sociale.
Avant de découvrir le projet et les motivations de cet entrepreneur « éthique » et responsable, revenons quelques instants sur l’environnement général du commerce équitable et de la mode éthique.
La réalité du commerce équitable.
On définit traditionnellement le commerce équitable comme étant l’opportunité d’apporter des revenus décents à des producteurs du sud. L’association Max Havelaar (http://www.maxhavelaarfrance.org/) précise que le commerce équitable répond à plusieurs exigences : Refuser l’esclavage, le travail forcé et l’exploitation des enfants ; Travailler avec les producteurs marginalisés des pays du Sud ; Garantir un prix d’achat minimum satisfaisant les besoins élémentaires (santé, protection sociale, formation, etc.) ; Entretenir des relations durables pour permettre une dynamique de développement; Favoriser des productions respectant l’environnement; Assurer une transparence de fonctionnement et une traçabilité exemplaire par des contrôles permanents. Selon le rapport du Député Antoine Herth[1]: « le commerce équitable est un partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect dans le but de parvenir à une plus grande équité dans le commerce international. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions d’échanges et en garantissant les droits des travailleurs […] en particulier ceux du sud. »
Il convient de le distinguer du « commerce éthique », dont Aggeri[2] précise qu’il s’agit « d’amener progressivement tous les fournisseurs de la grande distribution à respecter un certain nombre de critères et de standards, en s’appuyant, sur des démarches qualité. »
Certes le commerce équitable reste une goutte d’eau dans les 6000 milliards de dollars que constitue le commerce international (chiffres 2000). Les estimations sont de l’ordre de 0,01%. Selon Alter Eco, les ventes au détail de produits alimentaires issus du commerce équitable représentent un chiffre d’affaires d’environ 19 millions d’euros en 2002.
Pourtant, on estime aujourd’hui que la demande, en forte croissance, n’est pas encore satisfaite par une offre insuffisante. Et dans certains pays la proportion de produits « équitables » est très au dessus de la moyenne. En suisse, par exemple, une banane sur trois vendues est issue du commerce équitable.
Selon T. Leconte[3], le commerce équitable fait vivre 5 millions de personnes dans le monde (en comptant les familles pour environ 800 000 travailleurs répartis dans 500 groupements de producteurs).
Quant à la mode éthique, c’est aujourd’hui très peu et beaucoup en même temps. En 2003, le chiffre d’affaires de l’industrie française de la mode s’élevait à 30 milliards d’euros. On estime qu’environ 1% de ce chiffre est réalisé par la mode éthique en France. Cela dit, la progression de ce pourcentage est régulière.
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[1] 40 propositions pour soutenir le commerce équitable, mai 2005. La proposition du rapport HERTH de créer une commission a été reprise à l’article 60 de la loi n° 2005-882 du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises
[2] Organiser le développement durable : Expériences des entreprises pionnières et formation de règles d'action collective, Franck Aggeri & alii, éditions Vuibert (2005)
[3] Fondateur d’Alter Eco et auteur du Pari du commerce équitable, aux éditions d’Organisation (2003).
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